Slam City

Slam City with Scottie Pippen

Bonjour cher interno-spectateur,

Ce qui est bien ces temps, c’est qu’on entend beaucoup parler de basketball, certains me diront que c’est parce que les séries éliminatoires de la NBA se sont récemment terminées. Sauf que dans les 13 dernières années, si tu ne faisais pas partie d’une région où une des équipes finalistes était, bien, on n’en entendait presque pas parler parce que les gens s’en foutaient, même si les médias tentaient de vous le présenter. Mais cette année, c’est différent, on dirait que ce sport reprend graduellement la popularité qu’il avait dans les années 90 en important des nouveautés à la traditionnelle culture, ce qui est bien en soi. Donc puisque nous sommes dans un temps de l’année où c’est propice d’en parler, je vais donc aujourd’hui vous présenter un jeu FMV (Full-Motion-Video) de basketball sur PC/DOS avec une vedette de la NBA des années 90 et non, pour une fois, il ne s’agit pas de Michael Jordan, bien que les deux aient joué ensemble dans la même équipe. Il s’agit du jeu Slam City with Scottie Pippen développé et distribué par Digital Picture, Inc. en 1995.

Bien entendu lorsqu’on parle de basketball des années 90, il est impossible de dissocier ce sport de la culture underground du rap. Bien que des gens seraient portés à dire que c’est normal vu que majoritairement, ce sont des noirs qui s’intéressent à ce sport. Or, à l’époque, ce stéréotype ethnique n’était pas encore implanté dans la tête des gens. La montée de l’intérêt des noirs envers le basketball date oui des années 70, mais l’apogée de celle-ci est à la fin des années 90, début années 2000… La raison est simple, un grand nombre de joueurs de basketball noir étaient fortement impliqués dans leur communauté pour justement mettre fin aux ghettos en emmenant les jeunes à pratiquer ce sport plutôt que d’aller dans un chemin qui va tôt ou tard les mener en prison. Donc vous comprenez que l’idée de la déghettoïsation était d’emmener les jeunes de ces ghettos à majorité noire, à s’intéresser à la culture générale, où se trouvent également ceux qui traditionnellement avaient plus de succès dans la société, les langues sales seraient portées à dire les blancs, mais ce serait un mensonge, vu que si on s’en fie aux statistiques de l’époque en pourcentage et en nombre, il y avait plus de blancs sans abri que n’importe quelle autre ethnie en Amérique du Nord. C’est donc un mythe raciste et discriminatoire que de dire que les blancs ont plus de chances dans la vie, les riches par contre, eux, souvent, le sont. (et de surcroît, ça va avec la proportion des pourcentages ethniques) Quoi qu’il en soit, pour revenir au sujet initial, la raison d’incorporer le rap au basketball était pour démontrer aux jeunes noirs qu’ils pouvaient avoir les mêmes chances que tout le monde dans la vie, donc même si le rap était de la musique de noir, le sport à l’époque ne l’était pas et c’était ce qui faisait que Michael Jordan, Scottie Pippen, Magic Johnson et cie étaient si merveilleux. C’était une vision de travail communautaire et non une vision racialiste.

Maintenant, parlons du système de jeu! Comme vous avez pu me lire dans l’introduction, il s’agit d’un jeu de type FMV, typique du milieu des années 90. Un style qui à l’époque de nombreuses grosses compagnies pensaient que le futur du jeu vidéo allait passer par là, parce que ça incluait de véritables acteurs, ça ne nécessitait pas l’embauche d’infographistes, puisque c’était des vidéos, c’était donc beaucoup plus « réaliste » que des dessins et vu qu’il s’agissait de vidéo, ça permettait de faire plus de running gag en side-line un peu comme lorsqu’on regarde un film. Bien entendu, vu d’aujourd’hui, on rit comme des fous en sachant que ce genre n’a jamais vraiment éclot malgré un nombre très élevé de ceux-ci. Mais savez-vous pourquoi que malgré que l’industrie ait fait autant de pushing que ça n’a pas marché? Non, ce n’est pas parce que les jeux étaient cheesy. Non, ça, ce sont les années 90, et même les jeux darkside l’étaient tel que Mortal Kombat, Executioners, Franko the Revenge, etc. Et c’était un moyen d’expression contre la censure typique de l’époque. Ce n’est pas ça qui est la cause de l’échec des FMV puisque ça aurait pu être adapté en fonction des générations. Ce qu’il faut comprendre est que le concept était de regarder un film plutôt que de jouer. Donc oui, souvent, on a des vidéos très cool, mais un gameplay tellement médiocre que justement, ce qui passe devant a beau être cool, mais lorsque tu t’arrêtes pour jouer à un jeu vidéo, l’idée, c’est de jouer et non pas regarder un film. Donc on se ramasse avec des jeux qui vu que les vidéos sont des scènes pré-faites, on est limité quant à ce qu’on peut faire. Par exemple dans le jeu ci-présent, on ne peut pas réellement avancer au panier, c’est le jeu qui décide en fonction des choix que tu fais vu que tout a déjà préalablement été filmé… Donc ce n’est pas vraiment ton talent de joueur qui est mis au défi, ce qui est légèrement désolant.

Donc ça veut dire que le jeu est mauvais? D’un point de vue spectateur, ce jeu-là est un chef-d’œuvre, d’un point de vue de gamer, tu dois vraiment adorer le genre pour apprécier ce jeu. Personnellement, je dois admettre que grâce à l’univers mental de la culture underground semi-ghetto du basketball je trippais à l’os, j’avais du fun, même si le jeu en tant tel est très chiant et quasi injouable. C’est d’ailleurs justement grâce à cette ambiance que j’ai fait une vidéo de 45 minutes au lieu de 10 minutes, puisque ça a donné de quoi intéressant à présenter même si je n’ai pas été très performant.

Bref, un jeu qui en tant que joueur, je ne peux pas vraiment conseiller à qui que ce soit, à moins d’être un sadique, mais si vous avez un frère/une sœur, un conjoint ou un ami qui veut y jouer pour vous faire plaisir, vous allez passer du bon temps à le regarder.

Merci,
Napostriouf Sar