Airplane Paper

Paper Airplane

Bonjour cher interno-spectateur,

Aujourd’hui, je vais vous présenter un jeu que très peu connaissent, donc oui, il s’agit de ce qu’on appelle communément une obscurité. Un jeu que vous ne trouvez en download sur aucun site de rétrogaming, étant par la même occasion une autre preuve de mon authenticité de gars très actif à l’époque dans les communautés underground que sont les BBS téléphonique des années 90. Il s’agit d’un jeu d’avion de papier du nom de Paper Airplane développé et distribué par Matt Bell le 14 novembre en 1993.

Un des premiers jeux commerciaux à avoir été développé avec le désormais célèbre logiciel Game Maker de Recreational Software Designs, mais qui à l’époque était très underground, car peu de gens étaient capables de l’utiliser. En d’autres mots, le bouche-à-oreille, à l’époque n’avait pas fait son chemin, ce qui faisait que les jeux indépendants développés avec cet engin-là avaient généralement un suivi de Recreational Software Designs notamment pour les aider à distribuer leur jeu dans les CD de Shareware, où espérait-il voir une éclosion de développeurs indépendants acheter leur logiciel de développement. Ça a plus ou moins marché, vu que ce n’est qu’à l’ère de l’internet que Game Maker s’est mis à devenir populaire. À l’époque où les sites de jeux vidéo ne pullulaient pas (car les offres d’hébergement gratuit n’existaient pas encore et les offres d’hébergement payant étaient dispendieux et les gens n’étaient pas encore habitués au langage HTML, même si ce n’est pas compliqué), donc époque où les développeurs de jeux tout autant d’engins, avaient l’occasion de présenter leurs produits à des gens de partout sur la planète en autant qu’ils le présentaient en anglais. Dans ce contexte-là, même si ce jeu a été publié sur des CD de sharewares avec un engin qui aujourd’hui est célèbre, est quand même passé inaperçu noyé au milieu de d’autres sharewares. Mais bon, ce n’est pas la seule raison ce dont pourquoi les gens ne se sont pas intéressés à ce jeu.

Pour commencer, utiliser les lois de la physique dans un jeu d’aviation de papier de type plateforme, il n’y en avait pas une tonne. Oui, au début des années 80, certains jeux dont en autres sur Atari avaient tenté le coup, notamment dans le jeu Lunar Lander, mais c’était un concept peu exploré. Et qui dit concept peu exploré, dit base de joueurs très minces, donc le « buzz » est à créer; tout est à faire. Ce qui est loin d’être si simple aussi bon que le jeu puisse être. Parce qu’en général, lorsque les gens cherchent à jouer à un nouveau jeu, ils ont une idée en tête vers quel genre. Donc, si dans leur tête ton genre n’existe pas, bien, tu risques de ne pas être dans leurs premiers choix. Et à l’époque, l’absence de possibilité de faire des vidéos promotionnelles n’aidait pas la cause. Oui, il y avait des sharewares (concept dans lequel ce jeu a embarqué), mais lorsque tu dois télécharger au lieu de voir en temps réel, bien si le synopsis du jeu ne semble pas meilleur que tout autre création, bien les probabilités que le jeu soit téléchargé est très mince.

Mais ce n’est pas tout, l’autre raison du pourquoi ce jeu a manqué de visibilité, c’est que plusieurs Sysop de BBS refusaient de le mettre dans leur librairie, parce qu’à l’époque, il y avait une étrange mentalité de pseudo-honneur où si tu ne codais pas ton jeu, ça signifiait que tu n’en étais pas l’auteur. Ce qui vu d’aujourd’hui est total ridicule voir à l’extrême de l’absurdité. Comme si le fait d’utiliser un logiciel qui te permet de concentrer uniquement sur le côté artistique (soit la conception, la structure, le graphisme, les musiques et les effets sonores) faisait en sorte que ce n’était pas ton jeu. On ne parle pas ici de templates où que tu rajoutes deux ou trois éléments, non, ici, on parle d’un jeu développé de A à Z avec logiciel de développement qui ne fait que simplifier la tâche… En d’autres mots, 100% des jeux développés de nos jours ne seraient pas éligibles à être publiés dans ces BBS. M’enfin, ce n’est pas tous les BBS qui refusaient de le publier, par exemple dans le mien, je l’avais publié. Comme quoi même dans l’underground, il y avait malheureusement aussi une présence de retards. Mais bon, qui dit underground dit multiples petites communautés, donc on ne peut pas généraliser. Mais veut ou ne veut pas, lorsque tu as la moitié des BBS contre toi, bien, c’est difficile de faire connaître jeu.

Sinon, est-ce le jeu en tant tel est le fun? Pour être franc, vu que je ne suis pas très bon dans ce genre de jeu, je ne peux pas dire que je le trouve très amusant. Mais c’est sûr que ceux qui aiment le genre vont trouver leur pain, puisque le jeu est quand même assez difficile et vous devez bien connaître les lois de la physique si vous voulez tirer pleinement profit de ses avantages. Le fait que je ne sois pas bon dans ce genre de jeu, est-ce que ça veut dire que moi qui suis issue d’une des universités des plus prestigieuses de la planète est minable en physique et par extension aux sciences qui en découlent? Pas du tout, ça veut juste dire que j’ai un manque d’intérêt et non une incapacité d’y performer. Mais quelqu’un qui étudie autour des sciences de la physique peut potentiellement y trouver de l’intérêt, ne serait-ce que pour se remettre dans l’ambiance.

Niveau technicité, vu que le jeu est développé avec le logiciel Game Maker, il a un gros avantage face à ses concurrents indépendants de l’époque. Oui, Game Maker permettait non seulement de pouvoir faire du SVGA (qui n’était pas encore standardisé à l’époque), mais en plus, ils supportaient plus de 8 gammes de chipsets SVGA. Donc contrairement à la plupart des autres jeux, tu n’avais pas besoin d’avoir de grandes ressources disponibles pour pouvoir faire des jeux performants, vu que graphiquement tout allait dans la gestion des chipsets, laissant ainsi plus d’espace à des fourchettes de condition en temps réel. En d’autres mots, un jeu comme Age of Empire, aurait été possible avec Game Maker et ce depuis le début années 90! Malheureusement, Age of Empire n’a été fait que plus tard, mais ça démontre quand même tout le potentiel que l’engin avait, mais qui est resté dans l’ombre, car boudé à la fois par une grande partie des BBS et à la fois par les cies mainstream qui auraient pourtant eu tout intérêt à l’utiliser.

Bref, un jeu très bien développé, mais qui a tellement eu d’obstacles à confronter qu’il en est passé inaperçu, ce malgré tous les efforts pour avoir de visibilité. Un jeu qui bien entendu vise une clientèle fan de science autour de la physique, mais qui est également un must pour tous les historiens en matière de rétrogaming qui sont à la recherche d’obscurité indépendante et de qualité. Ce jeu doit être déterré, afin d’expliquer les préjudices que certains jeux subissent au travers des cultures d’époque.

Merci,
Napostriouf Sar