Arcy 2

Arcy 2

Bonjour cher interno-spectateur,

Boulder Dash (1984) a servi d’inspiration pour de nombreux développeurs de jeux de casse-tête stratégique des années 90. La quasi-totalité du temps, on voyait toujours sensiblement le même jeu avec juste les dessins qui changeaient. Ce qui faisait que seuls les fans du premier Boulder Dash y voyaient de l’intérêt. Au point d’enterrer les jeux qui avaient de nouvelles twists pour intéresser une nouvelle fan base. Aujourd’hui, je vous présente un pour lequel vous devez user de votre créativité si vous voulez compléter un tableau. Donc, un jeu à la Boulder Dash davantage intellectuel que Boulder Dash et ses clones. Il s’agit ici d’un jeu développé en Allemagne du nom de Arcy 2 développé par CAPS Software Design ULM, mais distribué par MVP Software en 1994.

Oh oui! Les gens qui comme moi êtes issue de l’univers underground des BBS savez que lorsqu’un jeu a été publié par MVP Software, c’est qu’il s’agit de quoi d’unique et très intéressant. Pas automatiquement épique, mais juste à titre d’exemple, penser au jeu Three Point Basketball Deluxe qui est selon moi le meilleur jeu de free throw de basketball de tous les temps… Le jeu innovait en parodiant ESPN Sports et en caricaturant pas mal toutes les super vedettes de la NBA de façon assez hilarante. Une ambiance telle que même les dumbass qui haïssent les jeux sportifs adoraient! MVP Software, tous les jeux qu’ils touchent se transforment en de quoi de supérieur à la moyenne, ce même s’ils ont toujours été économiquement en retrait par rapport aux majors. Donc même si dans le cas ci-présent MVP Software n’a pas développé le jeu, on voit quand même son impact quant aux critères imposés pour pouvoir être publié par eux… Notamment dans le type de musique utilisé, le type de design et surtout le « polishing » de l’engin.

« Dans le type de musique utilisé? » vous pourriez sarcastiquement répondre par l’interrogative en sachant qu’il n’y a pourtant qu’une seule musique par épisode! En effet, il n’y avait qu’une seule musique qui rejoue continuellement sans jamais vraiment s’arrêter. Dans le contexte de l’époque des BBS underground, c’était très excellent. Il faut comprendre que c’est l’époque où les développeurs indépendants n’avaient pas beaucoup d’outils pour faciliter leurs tâches. Résultat, bien que dans le développement technique tu n’avais besoin d’une grande équipe, les databases libres d’utilisation ne pilulaient pas… Donc, les développeurs contrairement à aujourd’hui devaient, soit ne pas mettre de musique ou soit faire appel à un artiste ou soit utiliser un fichier midi d’une musique connu (dans les années 90, il y avait une zone grise quant à légalité d’où le nombre de développeurs qui utilisaient cette approche) et la rendre logique avec la dynamique de psycho-gaming. Ce qui est loin d’être évident à faire d’autant plus que cette dynamique était ratée à 95% du temps sauf pour quelques compagnies dont MVP Software et les compagnies qui ont travaillé avec eux. Donc oui, dans ce contexte-là, même s’il n’y a qu’une seule musique par épisode, c’est extrêmement réussi.

Je sais que pour plusieurs qui me lisent, devez vous demander de quoi je parle lorsque j’évoque des épisodes! Bien encore une fois, on parle des années 90 et de son univers underground des BBS. Et qu’est-ce qu’il y a de particulier à cette époque-là concernant le gaming? C’est l’époque des sharewares! L’époque où on ne pouvait pas vraiment utiliser youtube ou des photos promotionnelles par les modems étaient tellement lents que juste télécharger un screenshot pouvoir prendre de 15 à 60 minutes, dépendant de la qualité de l’image. Donc, on s’entend que dans ce contexte-là, les bons jeux indépendants pour se faire de la promotion devaient offrir une possibilité aux gamers d’essayer leur jeu s’il voulait être en mesure de le vendre. Donc, dans ce contexte-là, plusieurs développeurs vu qu’ils ne voulaient pas écœurer le joueur en plein milieu de parties bien, splittaient carrément leurs jeux en plusieurs épisodes. Donc, ce qui faisait qu’un jeu devenait plusieurs jeux aventure différents, un peu comme Doom 1 avec les épisodes Knee-Deep in the Dead (présente dans la version shareware), The Shores of hell et Inferno. C’est sûr que vu d’aujourd’hui le shareware est un peu passé date, mais à l’époque, c’était à un tel point promotionnel, que ça permettait aux joueurs d’essayer l’engin et d’être teaser pour encore mieux avec une version complète! Mais bon, le principe du shareware avait comme effet négatif de faire en sorte que la plupart des mauvais reviewers (qui étaient quand même majoritairement lus) bien commentaient les sharewares au lieu de commenter les versions. Résultats, les développeurs qui ne séparaient pas en épisode leur jeu et qui ne faisaient que désactiver des options dans leurs sharewares recevaient lâchement et à tort de mauvaise critique… D’ailleurs, plusieurs compagnies n’ont pas survécu à telles critiques qui éloignaient de leurs jeux… D’autant plus que souvent ces mauvaises critiques ou mauvaises langues dois-je dire étaient reliés à des majors qui les payaient pour laver les indépendants… Car oui, l’astie de dynamique du gros qui veut écraser les petits…

Maintenant revenons à nos moutons et parlons du jeu lui-même! Comme vous pouvez voir dans la vidéo ci-dessous, il s’agit ici du premier épisode. Et comme dans bien des jeux, le premier épisode, c’est une sorte de didacticiel pour que vous découvriez l’engin. Donc, c’est sûr que le jeu peut sembler simplet voire facile, même si rendu au niveau 17, vous risquez de commencer à avoir un peu de difficulté, c’est surtout au deuxième et au troisième épisode que vous allez être intellectuellement mis au défi. Et je vous assure que le jeu est très difficile et nécessite que vous ayez un sens de la créativité. Ou du moins si vous en n’avez pas, vous allez le développer avec ce jeu. Alors, pourquoi n’ai-je pas présenté l’épisode 2 ou 3, s’ils sont plus représentatifs du pourquoi que ce jeu est très intéressant? Pour ne pas vous ruiner l’expérience si vous décidez d’y jouer. Les éléments de jeu, des deux autres épisodes sont essentiellement les mêmes, juste que là vous n’êtes plus en mode didacticiel.

L’essentiel dans mes vidéos, c’est de vous présenter la culture et par conséquent l’engin que représente et non pas vous faire un let’s play! Parce que justement, les let’s play c’est aux antipodes de ce dont quoi j’essaie de présenter sur ce blog, les let’s play qui dans 99% des cas empêchent les jeux de parler par eux-même, vu que ce n’est que le talent du joueur que l’on voit, donc chaque complètement la dynamique intellectuelle et rétro de celle-ci. Ceci étant dit, je ne dis pas que je suis un anti let’s play, loin de là, bien au contraire j’adore et éventuellement peut-être que je vais en faire (hors de ce blog), juste que l’idée de ce blog est orienté le psycho-gaming underground de l’univers des gamers issues des BBS téléphonique des années 90 et qui ont fait la transition sur internet avant que ça deviennent mainstream. C’est de là que je viens et je remarque que de tous les retrogamers, je suis le seul sur la planète à en parler, alors qu’à l’époque nous avions une base solide et pourtant niveau historique c’est plus qu’essentielle d’en parler, puisque cette dynamique explique l’origine de bien des idées et de changements dans l’industrie du jeu vidéo. Vous comprenez donc maintenant pourquoi dans mes articles je ne fais que très peu de critiques directement liées au gameplay et que je m’oriente surtout à parler de l’histoire autour des jeux dont il est question.

Pour conclure, un jeu qui n’a pas vraiment eu d’influence sur l’industrie parce que le marché était inondé de jeux basés sur Boulder Dash, dont la quasi-totalité était en fait des clones. Ce qui a que même si celui-ci offrait de quoi d’unique, il ne soit connu que pour les gamers vraiment hardcore de l’époque. Un jeu que je conseille donc à tous les fans de brainteaser, même ceux qui traditionnellement n’aiment pas les Boulder Dash.

Merci,
Napostriouf Sar